par Yvan Hugonenq de Labonnefon.

Le Pays Messin désigne, «grosso-modo», un espace de 45 kilomètres de long du Nord au Sud et de 45 kilomètres d’Est en Ouest aux contours indéterminés entourant la ville de Metz. Géographiquement c’est une vallée comprise entre les Côtes de Moselle à l’Ouest et le Plateau Lorrain à l’Est.

CHRONOLOGIE DES PRINCIPAUX EVENEMENTS HISTORIQUES MESSINS

HISTORIQUE ANCIENNE
Préhistoire : de – 200 000 au 3e siècle avant J.C.
Les premières traces de présence humaine à Metz et dans le Pays Messin datent du Paléolithique soit 200 000 ans avant Jésus-Christ.
Période Celte : du 3e siècle avant J.C. au 1er siècle après J.C.
Les Celtes venant de l’Est font leur apparition début du 3e siècle avant Jésus-Christ et vont marquer la ville jusqu’au 1er siècle de notre ère. Ils s’installent sur la colline Sainte-Croix entourés de palissades en bois entre la Moselle et la Seille. Ce sont les Médiomatriques.
Epoque GALLO-ROMAINE : du 2e siècle au 5e siècle.
Pendant près de deux siècles la ville bénéficiera de la «Pax-Romania» et prospérera grâce à sa situation géographique qui contribue aux échanges commerciaux (voies romaines, transport fluvial etc.) au développement de l’artisanat et de l’expansion de la vigne.
La religion chrétienne s’implante progressivement.
A partir du 3e siècle «Divodurum Médiomatricorum» devenue «Mettis» subit des ravages dues aux invasions des Alamans et des Francs puis de la rivalité de généraux Romains. Ville jusqu’alors ouverte, Metz se protège derrière d’épaisses murailles. Le «Castrum».

Aspect supposé de Metz dans son Castrum à la fin de l’époque Gallo-romaine.

LE MOYEN ÂGE
Le Haut-MoyenÂge : du 5e au 10e siècle.
L’Empire Romain s’étant écroulé, Metz devient au fil des années, capitale du royaume d’Austrasie (6e siècle) puis de la Lothainringie (11e siècle). Elle est le berceau des Carolingiens.
Metz devient même le centre d’un grand royaume et la nécropole des rois. Après le Traité de Verdun en 843 les habitants du Pays Messin se font envahir par les germains en 925.
Le pouvoir temporel de l’église devenant de plus en plus important, les évêques de Metz dirigent de fait la ville et renforcent son autonomie ou le commerce est florissant.
Le Moyen-Âge Central : du 10e au 13e siècle.

Le Pays Messin vers 1450 n’est pas un tout homogène et présente des enclaves.

L’évêque de Metz, aidé par sa fonction, va prendre peu à peu le pouvoir et devenir le maître de la ville et presque toutes les terres des environs lui appartiennent également. Il est le maître absolu dans sa ville. Metz va devenir une ville riche et puissante et la bourgeoisie locale y gagnera aussi de plus en plus de pouvoir politique pour finalement instaurer son régime politique. Cette bourgeoisie d’affaires participe de plus en plus aux décisions et participe au conseil de l’évêque.
Mais, les luttes entre le Pape (supérieur religieux de l’évêque) et l’Empereur germanique (maître théorique de la ville) vont affaiblir les pouvoirs de l’évêque de Metz. La bourgeoisie locale (les Echevins et leur chef, le maître Echevin) va en profiter pour s’imposer et chasser l’évêque qui se retire à Vic sur Seille.
La cité épiscopale devient ainsi une véritable république oligarchique indépendante et libre munie de ses institutions.
– Le Maître Echevin qui représente la cité est élue.
– Le Comité des Treize et les autres échevins représentent le Gouvernement.
– Le Grand Conseil, assemblée des bourgeois qui donnera son avis.
Le Bas Moyen-Âge : la république Messine du 10e au 13e siècle.

Tableau d’Auguste Migette au Musée de la Cours d’Or à Metz – commencement de la République messine.

Metz, citée médiévale est très peuplée. Les grandes familles bourgeoises messines ont pris le pouvoir de la ville au dépend de l’évêque. Ces grandes familles s’organisent en « Paraiges » sortes de clans familiaux où le titre se transmet de père en fils.
Nous sommes «en République». L’élection est à la base de tout, cependant la population est peu ou pas écoutée. Pas d’égalité politique, mais impôts pour tous. Metz prospère et atteint son apogée durant cette période (fin du 14e siècle et 1re moitié du 15e siècle). Si les révoltes intérieures sont vite réprimées, les menaces et conflits extérieurs sont de plus en plus pressants. Metz fortifie ses remparts. Ses ennemis n’ont jamais réussi à franchir ses murailles.

LES TEMPS MODERNES
Début de l’époque Moderne : Metz devient Française (16e au 17e siècle).
Après un accord avec des Princes Protestants Allemands, les troupes Françaises entrent dans Metz le 18 avril 1552, mais la souveraineté Française ne sera vraiment reconnue qu’en 1648. Entre temps, les institutions Françaises auront remplacé, petit à petit, les institutions médiévales pour finalement donner à Metz les mêmes institutions que les autres villes françaises.
Tout commence par le siège de Metz qui va durer 4 mois, François de Loraine, duc de Guise, infligeant une sévère défaite à Charles Quint.
Pendant cette époque trouble des guerres de religions, les Messins restent fidèles au Roi de France qui s’impose doucement aux messins en faisant revenir l’évêque et en maintenant le Maître Echevin, les Treize et le Grand Conseil, mais ceux-ci sont nommés par son représentant : le Gouverneur. Au début, en théorie, le Roi n’est que le protecteur de la ville, il n’a pas le pouvoir de légiférer. Avec les rois Henri IV et Louis XIII un Parlement sera installé, avec intendant et bailliage.
La guerre de Trente Ans occasionne des ravages en Lorraine, mais le traité de Westphalie en 1648 reconnaît l’appartenance de Metz à la France.
Au début du 17e siècle, la citadelle est construite.

Carte du Pays Messin en 1648 de N.Tassin et N.Berey.

Fin de l’époque Moderne : de Louis XIV à la Révolution Française (18e et 19e siècle).
La ville devient un point stratégique militaire au cœur d’une Lorraine indépendante et que se prépare en douceur le rattachement du Duché de Lorraine au royaume de France.

Le Pays Messin en 1663 d’après Fabert.

Au centre des conflits, Metz et ses environs subissent pendant la guerre des 30 ans maintes exactions (attaques, vols, viols, pillages etc.) ainsi que la famine et la peste. A l’issue de cette guerre épouvantable une communauté importante se forme et représentera près du tiers de la population : les Protestants d’obédience Calviniste.
Le Pays Messin subit de plein fouet la révocation de l’Edit de Nantes en 1685 en assistant à une fuite importante de sa population suite aux persécutions et aux dragonnades.
Une autre catégorie de la population est importante : la communauté Juive qui développe le commerce et le change. Enfin Metz devient la principale place forte du Grand-Est, la population militaire représente près de la moitié de la population locale.
Pendant cette période de paix relative, Metz va se transformer une nouvelle fois grâce à la volonté d’un de ses gouverneurs : le Maréchal, Duc de Belle-Isle. C’est de cette époque que date la place de la Comédie, la place d’Armes, l’Hôtel de Ville, le Palais de Justice etc.. Un renouveau intellectuel s’installe (Académie Royale des Beaux-Arts). Le commerce est florissant (draperie, tannerie, chapellerie et imprimerie) et des idées nouvelles. Cependant des troubles éclatent suite à des pénuries de blé et de pain. La révolution Française est proche.

Carte du Pays Messin en 1789 (cdlt. L.Klipffel).

L’EPOQUE CONTEMPORAINE
Début du 19e à la première annexion en 1871.
Metz, ville ou la tolérance a toujours été de mise, accueille favorablement les idées nouvelles portée par la Révolution en 1789. Plus d’égalité, moins d’impôts, plus de logements etc.
Le durcissement de la Révolution au fil des ans amènera également la Terreur à Metz et dans le Pays Messin (avec la création des départements et arrondissements nous parlerons plus volontiers de : Metz Campagne) et la guillotine siègera sur la Place de la Comédie actuelle. La délation règne, on s’espionne. Les rues sont débaptisées et les églises vouées à toutes sortes de choses et rites. Une crise économique adviendra. La fin de la Terreur et l’arrivée de Bonaparte au pouvoir seront un soulagement pour l’ensemble des populations.
Avec le premier Empire les institutions et le pouvoir se renforcent (Préfets, enseignement, école militaire, faculté des sciences etc.). Metz, fidèle à l’empereur résistera aux blocus de 1814 et 1815. La Restauration, acceptée du « bout des lèvres » s’installe mais la frontière se rapproche un peu plus après le traité de Vienne. Les réformes espérées ne viennent pas. La révolution de 1848 suivie de l’avènement du second Empire provoquent des espérances. Le progrès apporté par le développement des chemins de fer permettra à l’économie d’évoluer un peu et d’améliorer ainsi la vie des Mosellans et des Messins, mais l’essor de la population stagne derrière des fortifications nouvellement construites et renforcées qui n’empêcheront pas Metz de capituler fin octobre1870 après de furieux et vains combats dans ou à proximité du Pays Messin (Gravelotte, Rezonville, Saint-Privat la Montagne, Borny, Noisseville, etc.).

18 août 1870, combats dans le cimetière de Saint Privat, peinture d’Alphonse de Neuville
Musée d’Orsay, Paris.

A partir de 1871 : Metz et le Pays Messin subiront l’annexion dans l’Empire Allemand jusqu’en 1918.
Plusieurs milliers de Mosellans quittent leurs villes ou villages pour la « France de l’intérieur » se réfugiant pour la plupart d’entre eux en Meurthe et Moselle et Région Parisienne : ce sont les Optants. La langue française restera dominante dans la campagne messine et sera utilisée pendant de nombreuses années dans les registres administratifs.  La germanisation de la population n’est pas une réussite. L’urbanisme de la ville de Metz va se transformer. La vieille ville «Française» sera peut touchée mais la nouvelle ville «Allemande» s’édifie sur les anciens remparts détruits. De nouveaux édifices apparaissent : Le Temple Protestant, La Gare, l’Hôtel de la Poste, le Palais du Gouverneur etc. Enfin, de nombreuses casernes ainsi qu’une seconde ceinture de forts sont construit faisant de Metz et ses environs (Montigny et Ars sur Moselle) une agglomération de plus de 100 000 habitants au début du XXe siècle, siècle qui verra le retour du Pays Messin dans le giron de la France.

Du 20e siècle à nos jours.
En 1918 la Moselle est rendue à la France, les émigrés allemands partent et, en partie seulement, les exilés Mosellans reviennent. Un renouveau culturel s’installe mais tout cela va être à nouveau bousculé par les douloureux évènements du milieu du XXe siècle qui va «voir» une nouvelle annexion de la Moselle au IIIe Reich Allemand. Contrairement à la précédente annexion, celle-ci sera immédiate et brutale. Il est interdit de parler français sous peine d’emprisonnement etc. Metz et sa campagne seront finalement libérées après d’âpres combats en novembre 1944.
Une nouvelle ère s’ouvre dans l’histoire du Pays Messin. Déclin de la sidérurgie, restructurations répétitives de l’entité militaire etc. Cependant la mise en place de nouvelles structures modernes dans l’urbanisme, le milieu social et culturel permettront au Pays Messin d’être une contrée agréable qui gagne à être connue pour son passée historique et ses perspectives d’avenir.

Le Centre Pompidou avec en arrière-plan, la cathédrale de Metz et son centre-ville.

Sources.
– La Moselle de V.A. Malte-Brun aux éditions du Bastion ;
– A la découverte de la Moselle de Jeanne-Marie Demarolle, François-Yves Le Moigne, Gérard Miuchaux et Laurette Michaux aux éditions Horvath/Serpenoise ;
– Atlas Historique de Metz coordonné par Jean Trapp et Sébastien Wagner aux éditions des Paraiges ;
– Histoire de Metz de François-Yves Le Moigne, Univers de la France et des Pays Francophones aux éditions Privat ;